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Pourquoi un projet d’aménagement ne commence pas par le choix des couleurs ?


Main dessinant un plan architectural, illustrant les premières étapes d’un projet d’aménagement intérieur


Dans l’imaginaire collectif, un projet d’architecture d’intérieur commence souvent par une palette de couleurs, un nuancier, ou une image inspirante tirée de Pinterest. Pourtant, dans la réalité du métier, cette étape arrive bien plus tard. Avant de parler de teintes murales ou de choix décoratifs, un projet d’aménagement exige une réflexion en profondeur sur les usages, les contraintes techniques, la circulation, et la lumière naturelle.

Pour l’Atelier 428, agence d’architecture d’intérieur basée à Paris, chaque projet — qu’il s’agisse d'une maison, d’un appartement familial ou encore d’un lieu de convivialité comme un restaurant — commence par une phase d’analyse, jamais par une question de style. Voici pourquoi.



L’usage avant l’ambiance : la base d’un projet réussi


Avant de penser décoration ou ambiance, il faut penser fonction. Un espace, quel qu’il soit, doit répondre aux besoins de celles et ceux qui l’occupent. Cela paraît évident, et pourtant, nombreux sont les projets où les contraintes d’usage sont reléguées au second plan, au profit d’un effet visuel séduisant mais peu durable dans le quotidien.


Concrètement, cela signifie que tout projet d’aménagement intérieur commence par une série de questions fondamentales :

  • Qui vit ou travaille dans ce lieu ?

  • Quelles sont les activités principales qui s’y déroulent ?

  • Quelles zones doivent être mises en valeur ou au contraire dissimulées ?

  • Quelles sont les contraintes techniques (structure, réseaux, réglementation ERP pour les cafés ou restaurants…) ?


Pour l’Atelier 428, cette phase est essentielle : dans un appartement à Paris, par exemple, elle permettra de déterminer l’implantation optimale de la cuisine en fonction des arrivées d’eau et de la lumière. Dans un restaurant, elle garantira une circulation fluide entre les espaces de préparation, de service et de réception.

Un lieu peut être magnifique en 3D… mais devenir invivable s’il n’a pas été pensé pour ses usages réels.



Travailler la circulation, c’est structurer son projet d’aménagement


Un bon aménagement repose sur une circulation fluide, logique et intuitive. Cela signifie anticiper les déplacements, les croisements, les séquences d’usage.


Dans un projet résidentiel, il ne s’agit pas seulement d’enchaîner les pièces, mais de hiérarchiser les espaces : l’entrée doit offrir un sas de transition, la cuisine doit dialoguer avec la pièce à vivre sans s’imposer, les chambres doivent bénéficier de calme et d’intimité.


Dans un restaurant, cette question est encore plus cruciale. Une mauvaise circulation peut nuire à l’efficacité du service, à l’expérience client et même à la sécurité. La salle ne doit pas être belle uniquement sur photo : elle doit fonctionner à pleine capacité, à différents moments de la journée, dans le respect des normes et du confort acoustique.


Le rôle de l’architecte d’intérieur est ici de dessiner un plan qui permet aux volumes d’exister, aux usages de s’articuler. C’est ce plan d’aménagement qui guidera ensuite tous les choix esthétiques, y compris ceux liés à la couleur.



La lumière naturelle : un facteur déterminant et sous-estimé


La lumière naturelle est un matériau à part entière. Elle structure l’espace, révèle les volumes, crée des ambiances. Trop souvent négligée, elle devrait pourtant être un point de départ dans tout projet d’architecture d’intérieur, qu’il s’agisse de rénovation ou de création. Chaque orientation impose ses contraintes : un mur exposé nord ne réagit pas comme une cloison plein sud. Une baie vitrée change radicalement la perception d’un espace, notamment en hiver ou en fin de journée.


À l’Atelier 428, l’analyse des apports lumineux fait partie intégrante de la conception. On observe les heures d’ensoleillement, les occultations éventuelles, la qualité des ouvertures existantes. Ce travail guide ensuite le choix des matériaux (mat, brillant, texturé), des revêtements, et, enfin, des teintes.

Car oui, une même couleur peut sembler douce ou criarde selon la lumière qu’elle reçoit. Il ne suffit donc pas de "trouver une jolie teinte” : encore faut-il qu’elle fonctionne dans le lieu réel, à l’échelle 1.



Le rôle de la couleur : une réponse, pas un point de départ


Dans une démarche rigoureuse, la couleur vient à la fin. Elle n’est pas une intention esthétique abstraite, mais une réponse à une situation concrète. Elle souligne, nuance, accompagne les formes et les volumes ; elle dialogue avec la lumière, le mobilier, les usages.

Travailler les couleurs trop tôt dans le processus, c’est risquer de masquer des incohérences de fond. À l’inverse, une palette juste naît d’un lieu bien pensé : circulation claire, usages fluides, matériaux adaptés, cohérence entre fonction et ambiance.

C’est cette méthode que l’on adopte à l’Atelier 428, aussi bien dans les projets de rénovation résidentiels que dans l’aménagement de cafés, hôtels ou restaurants : comprendre, structurer, organiser… puis ensuite habiller.



En conclusion


En architecture d’intérieur, un projet réussi repose sur une structure solide, invisible au premier regard mais fondamentale : le plan, la circulation, la lumière. Ce sont ces éléments qui conditionnent ensuite l’ambiance du lieu et rendent les choix décoratifs crédibles et durables.


Alors non, un projet d’aménagement ne commence pas par une couleur ! Il commence par une écoute, une analyse, une série de choix pragmatiques et sensibles. Et ce n’est qu’à ce moment-là que les teintes trouvent naturellement leur place — en cohérence avec l’identité du lieu et les personnes qui l’habitent.


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